C’est une idée ancienne, le mot « hypnose » provient d’ailleurs étymologiquement de cette idée. Si au départ, l’hypnose était considérée comme un « sommeil partiel » ou « sommeil lucide », il est aujourd’hui établi grâce aux électro-encéphalogrammes que c’est un état très différent du sommeil[1]. Il existe d’ailleurs des états hypnotiques en mouvement. La seule similarité étant une sensibilité faible aux stimuli extérieurs.
L’hypnose est un « état modifié de conscience »
Parler d’états modifiés de conscience (EMC) est ambigu.
Tout d’abord, un « état » est supposé appartenir à la réalité, par opposition à l’imaginaire. Or ces deux notions de réel et imaginaire, s’avèrent être liées de façon plus complexe que noir ou blanc, que deux faces d’une même pièce. Il semblerait qu’au contraire il y ait un continuum entre ces deux « mondes » de sorte que l’on ne puisse tracer de limite entre les deux.
Si l’on prend l’exemple des « prophéties auto-réalisatrices », c’est-à-dire des croyances qui ont des effets réels, on se rend compte de l’intrication entre réel et imaginaire. Si on les considère comme deux parties/espaces d’un individu, alors ces deux espaces ont chacun des effets concrets sur l’autre, tel un ruban de Moebius : on dirait qu’il y a deux faces, mais si l’on suit une face se retrouve inévitablement sur l’autre, de façon continue. Il serait alors plus juste de parler de « situation hypnotique ».
Ensuite, l’adjectif « modifié ». Modifiés par rapport à quoi ? Existe-t-il un état de la conscience qui ne soit pas modifié ? Quelle est la norme ? Où est la frontière ? Qui peut prétendre être dans un état non-modifié ?
Nous vivons tous chaque jour, inconsciemment, un certain nombre d’états de conscience. Difficile alors de dire lorsqu’on est dans un état non-modifié, car tous ces états ne cessent de se succéder : en réalité, notre conscience est en mouvement perpétuel.
Enfin, la Conscience reste un mystère. Même si l’activité du cerveau peut être mesurée précisément, la Conscience est non mesurable, non quantifiable.
Finalement, l’expression « état modifié conscience » n’a pas beaucoup de sens.
« Je ne suis pas hypnotisable »
Individuellement, nous expérimentons tous des états hypnotiques. Regarder fixement un feu, la flamme d’une bougie, ou bien en voiture quand nous arrivons à destination sans avoir le moindre souvenir du trajet. L’état hypnotique est donc accessible à tous.
En revanche, notre degré de réceptivité, et donc la durée du changement d’état,
peut prendre plus ou moins de temps. Et ce, en fonction des individus, des circonstances,
de l’environnement, du moment. Pour certains, l’induction se fera très rapidement, alors que pour d’autres, la phase de préparation prendra un peu plus de temps. Dans notre pratique d’hypnose qu’est l’eïnothérapie, le praticien n’imposera jamais une induction à son sujet. C’est contraire à notre éthique. Il doit d’abord s’établir une relation de confiance, et plus le climat sera détendu, plus le sujet sera réceptif, plus l’induction sera rapide et le travail efficace.
Vais-je perdre le contrôle, être manipulé ?
Manipuler quelqu’un est possible avec ou sans hypnose.
Cela dit, lorsqu’on parle de « manipulation par l’hypnose », on sous-entend souvent le fait d’être privé de son libre-arbitre et contraint, soumis, à l’hypnotiste qui aurait pris le dessus sur la personne hypnotisée.
On conserve son libre-arbitre même en état hypnotique, comme en témoigne ces exemples vécus et relatés par M. Erickson. Une jeune femme est en état de transe, et soudain elle demande énergiquement d’être réveillée. Ou encore un jeune homme, en état de transe, pouvant répondre parfaitement aux questions posées, sans altérer son état de transe. Peut-être cela vous est-il déjà arrivé de fixer un point longuement. Une personne vous parle, vous pouvez parfaitement parler mais n’arrivez pourtant pas à décrocher votre regard de ce point.
En situation hypnotique, c’est un peu comme si l’on se dédoublait. Une partie de nous observe l’autre partie se détendre, se laisser aller, reprendre sa part d’autonomie. Mais cette partie qui observe est très claire, lucide, et toujours présente. C’est là que réside le libre-arbitre, qui explique donc que l’on puisse, en état de transe, demander à être réveillé si l’on en ressent le besoin.
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